Nomination des recteurs : Ce qui va changer désormais

Publié le : 29/06/2021

D’ici quelques temps, le mode de désignation des recteurs va connaître un changement majeur. Du côté des syndicats, point de satisfaction, même si les griefs ne sont pas les mêmes.
 
Mercredi dernier 24 juin, le conseil des ministres a examiné et adopté le Projet de décret fixant les modalités de nomination du recteur dans les Universités publiques du Sénégal. Désormais, avec cette disposition législative, le président de la République ne pourra plus choisir qui il voudra. Et surtout pas exclusivement parmi les doyens de facultés, comme c’est le cas jusqu’à ce jour. Certes, il aura toujours le dernier mot, mais son pouvoir d’action est maintenant restreint.
 
En effet, pour devenir recteur, il faudra désormais faire acte de candidature auprès de la commission dédiée. La commission va examiner les candidatures, choisir 3 profils parmi les prétendants. Et après, le président de la République pourra choisir qui il veut parmi les 3 présélectionnés pour faire de lui le recteur.
 
Le décret devra donc préciser la composition de la commission, son fonctionnement et certainement les critères de sélection. Bref, tout ce qui concourt à la transparence dans le processus.
 
Du côté du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), c’est un résultat mitigé. En effet, le syndicat majoritaire s’était toujours battu pour que le recteur soit directement élu par ses pairs. « Il faut dire la vérité : l’un des rares combats que le Saes n’a pas gagné, c’est celui-là. Au Saes, on voulait l’élection pure et simple du recteur», rappelle Malick Fall, Sg du Saes.
 
Mais cette option a été rejetée à l’époque par le pouvoir, avec comme ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane. Finalement, c’est lors de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur en 2013 qu’un compromis a été trouvé. La poire a été coupée en deux, en quelque sorte. Le président n’a plus la pleine prérogative, mais le Saes, syndicat majoritaire, n’aura pas le plaisir de faire passer directement ‘’son’’ candidat par vote.
 
« L’université sous tutelle… »
 
Par ailleurs, si le Saes n’a que cette objection, le Sudes, lui, rejette tout en bloc. « Ce décret fait suite à la loi de 2015 sur les universités publiques. Au Sudes, nous avons toujours déclaré que c’est une mauvaise loi, donc ce décret est aussi un mauvais décret », déclare d’emblée, Dr Oumar Dia, le SG du syndicat.
 
D’après lui, le problème de fond est que cette loi instaure un conseil d’administration composé majoritairement de non-enseignants. En fait, le personnel enseignant compte 8 membres sur les 20 qui composent le CA. Pour le reste, il y a 2 Pats (Personnel administratif, technique et de service) et 2 étudiants et les représentants du monde socioprofessionnel, censés jouer un rôle déterminant pour qu’il y ait un lien entre l’université et le monde de la production.
 
Quant au recteur, souligne Oumar Dia, il est membre du Conseil d’administration, sans avoir une voix délibérative. Tout un ensemble qui fait dire au Sudes que c’est l’autonomie des universités qui est remise en cause. « Avec cette loi, l’université est sous tutelle. C’est le Conseil d’administration qui valide les décisions pédagogiques, scientifiques et académiques », regrette le syndicaliste qui pense que seuls les enseignants ont la compétence pour juger en la matière.
 
De ce fait, il demande soit d’abandonner la loi, soit de la modifier avec une majorité d’enseignants au Conseil d’administration.

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