Le système de rémunération des agents de l’État est le point nodal de la plateforme de revendication des syndicats d’enseignants. Un point essentiel et majeur aux yeux des enseignants qui ne comptent pas fléchir encore moins reprendre le chemin des salles de classes sans que la correction ne soit établie et constatée dans les salaires des enseignants. Un point inscrit à l’ordre du jour depuis 2013 lors des premières négociations entre le gouvernement de Macky Sall et les syndicats d’enseignants. Ainsi de négociations en négociations, ce point reste toujours insatisfaisant et les grèves reviennent en cycle. C’est seulement en 2022 lors de la discussion du samedi 19 février que l’État a présenté aux syndicats d’enseignants regroupés au sein du G7 des propositions concrètes. Des propositions essentiellement basées sur les finances :
Le relèvement de 5% du point indiciaire compris entre 51,43 à 56,43 points ; Une prime scolaire nouvellement appelée indemnité de performance scolaire relevée à 110% soit de 25.000f à 60.000f ; Une indemnité d’enseignement de 50% à 60% ; ICEP : relèvement de 100% soit de 150.000f à 300.000f ; IRDSH : nouvelle appellation Indemnité de performance scolaire ; Le relèvement de 100% soit de 70.000f à 140.000f pour PES, de 65.000f à 130.000f pour PEM et de 60.000f à 120.000f et pour tous les corps assimilés. Ces propositions vont entrer en vigueur à partir de cette année 2022 pour la première tranche et la seconde tranche pour 2023.
Lors de la rencontre, les enseignants ont mis sur la table la plateforme revendicative tant défendue qui est à l’origine de toute cette perturbation du système éducatif national : La revalorisation de la prime scolaire dans sa dénomination comme une IRD; La revalorisation de l’indemnité de sujétion des Directeurs d’écoles; l’allocation d’une indemnité de sujétion aux directeurs des CTP; La revalorisation les indemnités liées aux examens scolaires CFEE/Entrée en 6ème, BFEM et BAC; le doublement de l’indemnité de logement et sa défiscalisation; Revaloriser les indemnités des classes spéciales et l’étendre aux EFA; l’élargissement de l’indemnité d’administration aux personnels des IEF, IA et services centraux; du rapprochement des délais de mise en œuvre des propositions dans un délai immédiat; procéder à une répartition des pourcentages de prise en charge de 60% pour 2022 et 40% en 2023.
L’État a pris l’engagement de prendre en charge la totalité des frais et intérêts pour l’externalisation du prêt DMC. Quatre banques sont retenues dont : BHS, LBA, BNDE et BISCIC.
Seulement ce sont les échéanciers qui posent problème, et constituent la pomme de discorde entre enseignants et syndicats. Car l’État propose août 2022 alors que les syndicats misent sur le mois de mai, c’est-à-dire avant la fin de l’année scolaire en cours. Ces augmentations sur le salaire vont permettre de valoriser la masse salariale avec un système de rémunération qui sera élevé même si cela n’atteindra pas les attentes des enseignants qui souhaitaient recevoir 100 milliards en lieu et place des 90 milliards proposés par le gouvernement.
La question de gouvernance, l’autre talon d’Achille du gouvernement pour lever le mot d’ordre
Toutefois à signaler que les syndicats de l’élémentaire malgré ces propositions alléchantes, il y a des points toujours pas résolus : ce sont des questions de gouvernance. La question des lenteurs administratives, la question des décisionnaires, la question de la révision de l’arrêté qui organise les examens du CFEE. « Ce sont ces questions de gouvernance auxquelles nous nous attendons. Il faudrait que le jeudi au-delà des questions financières que l’État s’engage devant tout le peuple Sénégalais sous quinzaine qu’on puisse régler sereinement ces questions s’il y a accord », nous souffle Abdou Faty, Sg du Sels/A membre du G5 joint par téléphone et en partance de la Casamance pour faire un compte rendu à la base des propositions de l’État. « Si l’État fait un petit effort sur l’écart sur la prime scolaire parce que la différence est trop grande entre nous et eux du moyen et du secondaire. L’État leur a proposé 120.000 alors que nous de l’élémentaire nous en aurons 60.000 alors que nous sommes de la même hiérarchie. C’est de prendre la tête avec nous pour régler la question des examens au CFEE, la question des décisionnaires et des lenteurs administratives, la grève prendra fin », fait-il savoir.
« Dès qu’on règle la question du système de rémunération, on passe aux autres points de la plateforme »
Le SG du SAEMS, joint par téléphone pour revenir sur la satisfaction des autres points élaborés dans la plateforme revendicative, soutient que pour l’heure, c’est la correction du système de rémunération qui est à l’ordre du jour. Mais, il ne minimise pas les autres points qui sont aussi non négligeables. Des points sur lesquels ils attendent toujours des propositions de sortie de crise de la part de l’État du Sénégal. « On est toujours sur le système de rémunération. L’État a fait des propositions sur certains aspects. Nous attendons que l’État fasse des propositions sur d’autres points notamment sur : l’indemnité de l’enseignement que nous voulons qu’il soit relevés à 70%, contrairement au 60% proposés. Il ne s’agit pas seulement de défiscaliser l’indemnité de logement mais aussi d’augmenter les frais. Ensuite les écarts notés dans ce que l’État a proposé entre les proviseurs, les professeurs d’enseignement secondaire et les inspecteurs. Tous les trois corps appartiennent à la même hiérarchie. Il ne s’agit pas dans le cadre des correctifs qu’on crée des iniquités graves. Par contre dès qu’on règle ces questions, on passe aux autres points de la plateforme », informe le syndicaliste qui fait le tour du pays à la rencontre des enseignants à l’image du Sg du Sels/A pour recueillir les avis et réponses des enseignants de la base.
La rencontre du jeudi déterminera la conduite à tenir pour répondre à la demande l’État du Sénégal concernant la suspension ou pas du mot d’ordre de grève.