L’école Sénégalaise, un temple du savoir reconverti en ring de boxe !

Publié le : 12/07/2021

L’Education conçoit toujours un projet de société et des types de citoyens. Ainsi, l’école constitue le laboratoire dans lequel est fabriqué le modèle de citoyen que la nation aimerait avoir comme composant de sa société. De ce fait, les produits qui sortiront de ce laboratoire devraient être exempt de tout reproche en termes de valeurs comportementales et de science. Une nation qui réussit à se faire un bon système éducatif devrait naturellement régler les questions de citoyenneté, de civisme, de patriotisme et de développement car comme disait Mandela ‘‘l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer un pays’’. Cependant au regard de ces récurrentes scènes de violences qui minent l’école sénégalaise, qui fut un creuset du savoir et un laboratoire de la bonne conduite, plusieurs interrogations devraient être posées :  Assistons-nous à l’échec du système éducatif ? Qu’est-ce qui pourrait bien expliquer ce torrent de violences qui a fini de s’emparer de l’essence de l’école ?

Si ceux qui étaient supposés combattre par la force des arguments, se retrouvent être des disciples de l’argument de la force, si ceux qui étaient supposés inculquer aux apprenants les bonnes valeurs par la pédagogie de l’exemple perdent leur mythe devant eux et aux yeux de la société, et dévalorisés par l’État, c’est évident qu’on assistera lamentablement à l’échec de la formation d’un type de sénégalais, armé et outillé à relever les défis comportementaux et de développement de l’heure. Ainsi, du lycée de kébémer à celui de Thiaroye en passant par celui des Parcelles Assainies et des universités, des scènes honteuses de violence ont montré ce qu’est devenue notre chère école sénégalaise.

Jadis respecté et adulé par toute la société, l’enseignant perd de jour en jour son mythe, sa valeur et s’expose aux foudres d’une société qui ne voit désormais en lui qu’un misérable assoiffé d’argent. Ce cliché que la société fait de lui pousse les élèves dont il est généralement de la même génération à lui accorder peu de crédit et par conséquent ne les fait plus rêver.

Ainsi, au milieu d’adolescents qui cherchent leur identité car n’ayant aucun repère ou dont les repères sont hors de l’école et de ses produits, et qui n’ont les yeux rivés que vers la matérialisation de leurs désirs aussi fous qu’ils puissent être, l’enseignant demeure la cible de tous les coups et est généralement laissé à lui seul. De ce fait, sous les coups d’actes contre l’éthique et la déontologie de certains brebis galeuses du métier, du manque de considération de l’Etat à son endroit, le mythe enseignant s’effrite et laisse à la place un tableau sombre d’un misérable et méprisé ouvrier de l’école, qui est obligé de s’adonner d’année en année à des grèves incessantes pour réclamer sa pitance. Cette pitoyable situation dans laquelle il se trouve installe dans la tête de certains apprenants le doute et l’incertitude à devoir lui vouer du respect ou prendre exemple de lui et les poussent parfois à la défiance et à l’agression.

Puisque nous somme une société de l’AVOIR et du PARAITRE qui mesure le respect et la considération d’une personne à sa position socio-économique, nombreux sont ceux qui doutent que la bourse de l’enseignant, aussi noble que puisse être sa mission puisse lui conférer une place dans le cercle des respectés et respectables membres de la société.

Mais ce qui est sûr est que, la réalisation d’une nation grande, aux valeurs civiques et patriotiques vivantes et au développement rayonnant, passe inéluctablement par l’école et ainsi par les mains de ce grand et valeureux artisan et concepteur des âmes qu’est l’enseignant. Revaloriser l’école et la fonction enseignante, c’est semer les germes d’un type de citoyen doté de valeurs civiques, patriotiques et d’éthique prêt à tirer les destinées de ce pays vers les cimes de l’émergence.

Modou Aissa Séye,  Professeur d’Anglais à Kafrine.

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