Des syndicalistes listent les conditions d’une bonne rentrée scolaire

Publié le : 14/09/2021

En Conseil des ministres avant-hier, le Chef de l’Etat, Macky Sall a demandé aux «ministres en charge de l’Education Nationale et de la formation professionnelle de prendre toutes les dispositions nécessaires, en vue d’assurer une rentrée scolaire, dans les meilleures conditions». Interpellés sur ce sujet, le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (Sels/Authentique), Abdou Faty et le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (SAEMS), Saourou Sène embouchent la même trompette. Selon eux, la reprise du monitoring des accords signés avec le gouvernement s’impose pour une bonne rentrée scolaire et une année scolaire 2021-2022 apaisée. Mieux, ils ont rappelé la nécessité de combler le déficit de tables bancs et d’enseignants, de les motiver davantage à travers la question du système de rémunération et d’éradiquer les abris provisoires.

ABDOU FATY, SECRETAIRE GENERAL DU SELS AUTHENTIQUE : «Le gouvernement a intérêt à convoquer le monitoring sur les accords signés»

 

«On a tous lu le communiqué du Conseil des ministres. Le Chef de l’Etat demande qu’on organise une bonne rentrée scolaire. C’est la même rengaine. Chaque année, c’est comme ça et au finish, il n’y a pas de bonnes conditions. Donc, le Chef de l’Etat l’a encore dit mais il gagnerait à surveiller ses ministres parce que pour qu’il y ait une bonne rentrée scolaire, il faudrait très tôt qu’on anticipe sur le désherbage, l’entretien des écoles, les mûrs de clôture qui sont tombés, les latrines, les tables bancs et qu’on anticipe également sur les eaux usagées mais je suis sûr et certain qu’ils ne le feront pas. Maintenant, pour qu’il y ait une bonne année scolaire, pour qu’on soit en paix, le gouvernement du Sénégal a intérêt à convoquer le monitoring sur les accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Depuis maintenant deux ans, sous le prétexte de la pandémie, le gouvernement du Sénégal est dans le pourrissement, dans le louvoiement et dans du n’importe quoi. En tout cas, nous, au Sels Authentique, je le dis solennellement, dès le début de l’année, le 10 octobre prochain, on va déposer un préavis de grève parce que depuis que Cheikh Kanté a quitté le monitoring, on n’a rencontré aucun ministre. Tous les ministres nous donnent des rendez-vous mais ne le respectent pas. Et vraiment encore une fois, le Président Sall gagnerait à surveiller, à faire le monitoring de ses ministres parce qu’il donne des instructions qui ne sont jamais respectées. Il a donné des instructions pour qu’on ouvre des négociations, ce n’est pas fait. Il a donné des instructions pour le DMC, ce n’est pas fait. S’il ne surveille pas les ministres, ils ne feront rien et malheureusement, on aura une année scolaire terrible parce qu’on est restés deux ans. Nos situations sont là et que personne ne nous dise, c’est parce qu’on est en année électorale que nous sommes en grève».

SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMS : «Le Chef de l’Etat doit instruire d’abord son gouvernement à aller à la rencontre des organisations syndicales»

«Le gouvernement du Sénégal sait qu’on a signé des accords depuis 2018 et parmi ces accords-là, il y a des questions qui sont restées entières. Il s’agit de la question portant sur la révision du système de rémunération des agents de l’Etat, l’organisation du concours des passerelles professionnelles, le corps des administrateurs scolaires et toutes les questions de gouvernance. Je crois que depuis la fermeture des classes, nous n’avions pas manqué de rappeler au gouvernement du Sénégal, la nécessité de la reprise du monitoring des accords qui était gelé depuis 2019. C’est la raison pour laquelle, si aujourd’hui en Conseil des ministres, le Chef de l’Etat revient sur ça pour parler d’une rentrée apaisée et contrer les conditions d’une bonne rentrée, je crois qu’il doit instruire d’abord son gouvernement à aller à la rencontre des organisations syndicales pour que nous puissions faire le point par rapport au protocole d’accord signé depuis 2018. Je crois qu’aujourd’hui, personne ne peut quand même douter du patriotisme des enseignants. Nous avions tout laissé, étant donné que nous avions considéré à l’époque avec l’arrivée de la pandémie, il fallait un peu mettre la pédale douce. Mais aujourd’hui, force est de constater quand même que le gouvernement n’a pas respecté les enseignants dans cette situation-là. C’est la raison pour laquelle une fois de plus, nous exigeons la reprise des activités d’un monitoring des accords sinon nous allons vraiment vers une rentrée qui risque d’être difficile. Pour déjà l’année 2021-2022, la vérité est que c’est une année avec le risque de plusieurs perturbations parce que les questions de bonne gouvernance sont là. Elles ne sont pas respectées. La question des engagements pris par le gouvernement du Sénégal à travers le protocole d’accord, c’est une question comme je l’ai dit qui est restée entière. Donc, toutes les conditions sont réunies pour aller vers une année totalement perturbée. C’est la raison pour laquelle une fois de plus, pendant qu’il est temps, il faut que le gouvernement du Sénégal prenne la plénitude de la mesure et qu’il se rappelle quand même que l’école a un coût. Audelà des revendications des enseignants signées dans un protocole d’accord, il y a la question des abris provisoires, des infrastructures scolaires. Tout le monde sait qu’il y a un programme zéro abri provisoire. C’est l’occasion de faire le bilan des réalisations autour de ce programme-là parce que nous étions autour de 6000 abris provisoires quand on en parlait et aujourd’hui il en reste combien ? L’autre aspect, c’est les tables bancs, un déficit de 300 mille tables bancs. Il faut que le gouvernement fasse le point pour dire exactement dans le cadre de la réalisation des tables bancs pour les classes. Il y a aussi le personnel enseignant. Les déficits, c’était autour de 35952. C’est vrai qu’il y a 5000 qui ont été ajoutés récemment avec le recrutement que vous savez, mais la situation elle est restée entière. Nous tournons autour d’un déficit de 30952, qu’est-ce qu’il faut faire ? Et la motivation des enseignants ? Je crois que le gouvernement, à travers la question du système de rémunération, doit aller vers la motivation des enseignants à travers la révision du système de rémunération. Donc, le gouvernement sait très bien quelle est la situation de l’école mais on ne pourra pas conjurer le sort des enseignants par la magie du verbe. Il faut des engagements et des décisions concrets, des instructions précises pour qu’on aille vers une année scolaire 2021-2022 apaisée».

PAR MADIAGNE SAMB (STAGIAIRE) ET MARIAME DJIGO

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