Lauréate du concours national de l’éloquence des ENO : Kadiatou Ba , la magistrature en mire

Publié le : 04/02/2021

Après avoir remporté, le 21 novembre dernier, le Concours national d’éloquence des Espaces numériques ouverts (Eno) du Sénégal, l’étudiante Kadiatou Bâ rêve d’être parmi les figures de la magistrature sénégalaise. Orientée à la section des sciences juridiques et politiques de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs), alors qu’elle se voyait au département géographie de l’Ucad, elle s’est acclimatée à cet environnement qui, dit-elle, dépasse aujourd’hui «ses attentes».

Dans une ruelle de la commune de Bargny, Kadiatou Bâ marche lentement vers sa maison. Ses pas nonchalants et sa tête baissée dégagent une certaine timidité. Une partie du visage camouflée dans un foulard, la jeune fille distribue de temps en temps des gestes de sympathie, le sourire facile. Après avoir ouvert la porte de la demeure où elle vit depuis 2005, l’étudiante de petite taille présente à sa mère ses invités en « pulaar». Cette dernière, concentrée sur son chapelet, répond par un haussement de tête et le doigt levé en direction du salon. L’autorisation de s’installer dans cette pièce est ainsi donnée par la tutrice, l’entrevue démarre. La vie et le destin sont parfois cruels. C’est ce que Kadiatou Bâ se dit dans sa tête. Après avoir décroché son baccalauréat en série L2 en 2018 au Lycée de Bargny, elle n’envisageait nullement d’intégrer l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs). Son premier choix était le département de géographie de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. L’Uvs était à la 18ème position de ses préférences. Par malchance, selon sa conclusion de l’époque, elle se retrouve orientée à l’Uvs, en sciences juridiques et politiques. Des options inenvisageables pour elle. « Ce n’était pas la grande joie. Je me posais des questions. Le droit n’était pas mon choix. L’Uvs non plus. Je pensais qu’on ne pouvait s’en sortir qu’avec l’apprentissage en présentiel », raconte-t-elle, d’une voix émue mais avec le sourire. Du désespoir à l’espoir, il n’y a qu’un pas. Et Kadiatou Bâ l’a franchi. Deux ans après, cette université n’est plus ce « calvaire », ce « chaos » redouté par ses parents. Ayant pris goût aux études en ligne et à l’ambiance des travaux dirigés de l’Espace numérique ouvert (Eno) de Sébikotane, la jeune fille de 22 ans a obtenu des moyennes de 14,46 et 15,40 en première année. « Malgré des cours virtuels, nous sommes rigoureusement suivis et évalués. Le corps enseignant est très proche de nous. Nous recevons des notifications d’absence. Les travaux dirigés en groupes restreints nous permettent de bien travailler et de mieux nous connaître », indique l’adjointe chargée de la pédagogie du bureau des étudiants de l’Eno de Sébikotane. Kadiatou Bâ est considérée comme la meilleure élève en première année de cet Eno par l’assistant administratif, Hassimiou Diallo.« C’estt une fille brillante, une étudiante passionnée de sciences, calme, posée et d’une grande curiosité intellectuelle », témoigne l’encadreur.

 

𝐄𝐭𝐮𝐝𝐢𝐚𝐧𝐭𝐞 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 

 

Avec l’Eno de Sébikotane, Kadiatou Bâ a participé au Concours national d’éloquence regroupant tous les Eno du pays. Elle a largué ses douze concurrents. Ses rhétoriques portant sur l’impact de la liberté d’expression, sur le choc des civilisations, l’ont propulsée au-devant de la scène. «J’ai remporté ce prix, le 21 novembre dernier. C’est une grande fierté pour moi, ma famille et tout l’Espace numérique ouvert de Sébikotane», apprécie-t-elle, le visage rayonnant. Après cette consécration, l’étudiante en sciences juridiques et politiques nourrit l’ambition d’être parmi les figures de la magistrature sénégalaise. «Être magistrate est mon rêve. Je compte faire le concours d’entrée au Centre de formation judiciaire pour exercer ce métier», confie Kadiatou, sereine. Convaincu du potentiel de la jeune fille, Hassimiou Diallo estime que ce concours est à sa portée. «Elle est bien encadrée. Des étudiants de l’Uvs ont réussi le concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration. Elle est capable d’atteindre cet objectif. Le seul blocage pourrait être les problèmes administratifs qui empêchent l’obtention d’un certificnationalité »alité», regrette M. Diallo. Pour trouver le modèle «parfait», Kadiatou B^a n’a pas cherché loin. Elle ne s’identifie qu’à sa mère aux côtés de qui elle se réveille tous les matins. «Je n’ai pas besoin d’autres modèles. Je ne me fie qu’à celle qui m’assiste, me nourrit et me conseille. Elle m’a beaucoup encouragée lors de la préparation de ce concours national», dit-elle, avant de se mettre sur ses genoux, mains tendues pour recueillir les prières. Adja Bâ prend le temps de réciter quelques litanies et des souhaits de réussite. «Que Dieu vous assiste tous. Kadiatou est sérieuse, correcte, docile et travailleuse. Que Le Tout-Puissant la protège», prie-t-elle, mains sur le visage. Après deux années d’études à l’Uvs, Kadiatou Bâ veut voir des Eno dans toutes les localités du pays avec une excellente connexion Internet afin qu’étudiantes et étudiants puissent s’épanouir et faire exploser leurs talents.

 
 

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